Dr Donna Ferguson

La relation entre la santé mentale et le travail peut être complexe. Le stress peut certainement aggraver la maladie mentale chez certaines personnes. Les personnes souffrant d’une maladie mentale peuvent parfois se cacher du travail, en prétextant une maladie physique, par exemple. D’autres se rendent sporadiquement au travail, mais n’ont pas de contact avec leurs collègues ou leurs supérieurs, ou le font avec parcimonie. Chaque semaine, plus de 500 000 Canadiens sont absents de leur travail pour cause de maladie mentale.

Faire face à la maladie mentale peut être un lourd fardeau pour certains, en particulier ceux qui luttent contre un diagnostic de santé mentale, quel que soit le problème spécifique. Un certain nombre de troubles qui sont courants peuvent être assez difficiles pour les personnes à gérer, en particulier lorsqu’elles essaient de travailler, par exemple le diagnostic d’un trouble dépressif ou d’un trouble de l’anxiété.

La dépression

Certaines personnes diagnostiquées comme dépressives peuvent avoir des difficultés à accomplir des tâches. Une personne d’humeur dépressive peut éprouver des difficultés à gérer ses responsabilités professionnelles, notamment à maintenir ses efforts pendant un certain temps et à faire face au changement.

D’autres facteurs peuvent entrer en jeu lorsqu’une personne souffre de dépression. La tristesse, l’irritabilité ou l’engourdissement émotionnel peuvent rendre plus difficile l’accomplissement du travail et le tolérer, voire l’apprécier. La pensée et la rumination peuvent rendre difficile la concentration et la prise de décision, ce qui a un impact négatif sur la précision et la confiance au travail. Cela peut conduire à l’évitement des collègues ou à des conflits fréquents, empêchant un travail d’équipe efficace et rendant le lieu de travail moins favorable.

Enfin, des facteurs de santé physique tels qu’une baisse d’énergie et un sommeil perturbé font qu’il est difficile de répondre aux exigences du travail. Les symptômes physiques peuvent en outre nuire aux performances et à l’assiduité sur le lieu de travail.

Troubles d’anxiété

Le diagnostic d’un trouble d’anxiété a des répercussions similaires, mais légèrement différentes, sur les performances. Une personne souffrant d’anxiété sociale, par exemple, peut refuser une promotion ou d’autres opportunités de développement parce qu’elles impliquent des déplacements, une prise de parole en public ou tout simplement un engagement social avec d’autres personnes. En raison de son anxiété, elle peut trouver des excuses pour ne pas assister aux fêtes de bureau, aux déjeuners du personnel et à d’autres événements et réunions avec ses collègues.

Pour beaucoup d’entre nous, les échéances sont un élément important de l’environnement professionnel, mais aussi une source de stress. Une personne souffrant d’un trouble d’anxiété peut avoir des pensées irrationnelles au sujet de sa performance ou de la qualité de son travail lorsqu’elle est soumise à une contrainte extrême, ce qui peut l’inciter à ne pas respecter ces échéances.

Les personnes chez qui on a diagnostiqué un trouble panique peuvent trouver la situation particulièrement difficile, car les symptômes peuvent être difficiles à gérer pendant le travail. Pour certains, l’idée d’avoir une crise de panique devant leurs collègues, leur patron ou leur superviseur peut aggraver la situation.

Prendre des mesures pour favoriser un environnement de travail sain

Si vous reprenez le travail après un congé pour maladie mentale, envisagez de négocier avec votre employeur un retour progressif au travail. Cela peut signifier que vous ne reprendrez le travail que deux ou trois jours par semaine, pour des journées de travail plus courtes.

Expliquez clairement à votre employeur quelles sont les situations stressantes sur le lieu de travail et comment y remédier. Par exemple, si vous trouvez les longues réunions difficiles, dites à votre employeur que vous devrez peut-être faire des pauses fréquentes ou quitter la pièce de temps en temps, et que vous vous assiérez près de la porte pour ne pas déranger les autres.

Les employeurs et les employés ont tout à gagner à favoriser un environnement de travail psychologiquement sain et inclusif, ainsi qu’à bénéficier de connaissances et de soutien.

Comment réagir face à un collègue qui s’ouvre sur sa maladie mentale ?

Il est important d’apporter le plus grand soutien possible. Si un collègue s’ouvre à vous, vous pouvez lui demander s’il a besoin de quelque chose ou s’il aimerait en parler. Parfois, il a simplement besoin de parler du problème et il peut être possible de le faire sans trop entrer dans ses affaires personnelles.

Il est également important de ne pas juger ou stigmatiser votre collègue. Essayez d’être compréhensif et, si la personne décide de vous faire part de ses problèmes, proposez-lui des ressources potentielles, si vous en connaissez. Encouragez la personne à consulter son médecin de famille pour obtenir un soutien ou des conseils et, le cas échéant, l’orienter vers d’autres options de traitement (par exemple, un psychiatre ou un psychologue/thérapeute).

Il est important de connaître les normes et les protocoles en vigueur sur le lieu de travail. Si une personne quitte le travail en raison d’un congé pour maladie mentale ou d’un congé médical, pouvez-vous la contacter à la maison ou par l’intermédiaire de vos réseaux sociaux ? Dans l’affirmative, dans quelle mesure pouvez-vous demander à la personne ce qui lui arrive ? Il est donc important d’envisager de donner à la personne l’intimité dont elle a besoin et qu’elle mérite.

La maladie mentale sur le lieu de travail est un sujet de plus en plus important, qui doit faire l’objet d’une attention et d’une recherche permanentes. La nécessité de mettre en place des stratégies de santé mentale sur le lieu de travail deviendra de plus en plus évidente au fur et à mesure que nous ferons avancer le débat. Mais comme le dit le proverbe, « il faut un village… », et en se familiarisant avec les principes de base, les employés comme les employeurs peuvent commencer à créer des lieux de travail plus sains et plus agréables qui favorisent l’amélioration du bien-être mental.

 

Par Dr. Donna Ferguson

Psychologue clinicienne